Alfred Rang: Administrateur
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 04/02/2005
| Sujet: Philippe Claudel (1962-) Ven 8 Avr à 14:33 | |
| Les âmes grisesDepuis la rentrée littéraire, on a tout dit et son contraire sur ce livre, longtemps en tête des meilleures ventes. A mon tour de donner mon petit avis. On a beaucoup dit que l’enquête "policière" avait peu d’importance dans l’ouvrage, que ce qui comptait était l’étude des âmes, ces âmes vraiment grises. En fait, l’étude psychologique n’est pas forcément l’intérêt le plus grand du livre, car le schéma est assez simple à comprendre : les hommes, même ceux qui paraissent irréprochables, sont tous plus ou moins des salauds avec quelque chose de moche à cacher ; les femmes, quant à elles, sont toutes des femmes braves, et jolies ou pas, aucune faute ne retombe sur elles, elles sont toujours victimes. L’inverse exacte de la Bible : ici c’est l’homme qui est porteur de tous les vices et turpitudes, pas la femme, qui elle, est plus ou moins virginale, en tout cas, irréprochable. Ce qui fait que l’on prend un plaisir renouvelé à chaque page, c’est l’atmosphère. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : un roman d’atmosphère, un peu à la Simenon. Un roman où le meurtre a bien moins d’importance que le lieu où il s’est déroulé, les gens qui habitent cet endroit, l’odeur du tabac et le bruit des verres dans le bistrot du village, les conversations, le goût du déjeuner, la fraîcheur de l’herbe couverte de rosée, et la rumeur de la guerre par-delà la colline. C’est l’atmosphère qui y règne qui fait de ce roman un grand roman, et qui explique peut-être son si grand succès auprès du public et de la critique. J’ai juste une remarque à faire, point de détail relevé par un chicaneur, certes, mais qui mérite d’être relevé : page 91, on chante la Madelon, pour le premier anniversaire de la guerre, c'est-à-dire à l’été 1915. Or, si la Madelon a bien été créée en 1909, elle n’a connu à l’époque aucun succès. Elle n’est revenue à la mode qu’en 1916, à Etival-Clairefontaine. (chauvinisme quand tu nous tiens!) | |
|