L'Enjoliveur, de Sophie Chérer
"Une bonne surprise et un livre déroutant
En lisant ce livre, je pensais jusqu'à 100 pages avant la fin, que c'était un livre bien écrit, bon vivant, et sympathique mais je ne parvenais pas à m'y retrouver. Il me restait étranger. Je ne suis pas de la famille des idolâtres, et c'est peut-être pourquoi je ne l'appréciais sans doute pas à sa juste valeur. En gros, on nous narrait gaiement la vie d'une joyeuse troupe d'admirateurs de Giono qui se pressent, mangent, découvrent les lieux où vécut le maître vénéré, et en récitent des passages. J'y relevais bien quelques passages intéressants (p. 100, une vraie ode à l'aligot), et d'autres pathétiques, comme la scène où toute la joyeuse troupe vient emmerder un vieux couple de paysans parce que le tournage d'un film de Giono a eu lieu là, est véritablement pitoyable, dégoûtante même. Tous ces citadins qui ne comprennent rien à la vie de ces pauvres paysans, qui ne demandaient rien sont pour eux une horreur. Ils voulaient juste qu'on leur foute la paix, c'est tout. Je trouvais ce passage choquant.
Il est sûr toutefois que l'ambiance était joviale, à l'image de Sophie Chérer et que, malgré cette obscure idolâtrie de masse, ce livre possédait un attrait indéniable.
Et alors, une centaine de pages avant la fin, le livre prend un tout autre intérêt, quand le roman champêtre glisse vers le genre policier et que le narrateur cesse d'être contemplatif pour devenir actif. Et là, la lecture est beaucoup plus aisée, rapide, et bien moins ennuyeuse, malgré les quelques accents assez malvenus, malsains, que prend parfois le narrateur.
En somme, une bonne surprise et un livre déroutant, pour peu qu'on parvienne à passer les 100 premières pages..."