Nelly Sachs: Partage-toi, nuit, aux éditions Verdier
"Poésie hantée
Comment dire quelques mots sur la poésie de Nelly Sachs sans faire d’erreur, sans parler à tort ?
Je me contenterai de quelques réflexions banales hélas, et toutes personnelles.
Tout d’abord, malgré leur langue assez simple, les mots de Nelly Sachs sont lourds, très lourds en signification, et cela les rend d’un abord difficile, il faut bien le dire, sans toutefois qu’ils ne touchent jamais à l’hermétisme. Marquée par l’expérience des camps, par sa judéité, par son rapport à la mort, c’est une poétique sombre et tourmentée qui défile sous nos yeux. Défiant l’entendement, l’expérience concentrationnaire cherche un chemin dans l’indicible, et qui plus est dans la langue allemande. Ce recueil des derniers poèmes, dont beaucoup ont été écrit dans l’ultime période de sa vie, qui fut à la fois celle du prix Nobel et celle des séjours de plus en plus fréquent en asile psychiatrique, ce recueil donc, est d’une noirceur terrible, très sombre, très tourmenté, torturé jusqu’aux tréfonds de l’âme.
Des poèmes durs, d’une grande beauté, à la fois chant des morts et mal-être essentiel, qui interrogent, sans cesse, les quelques thèmes que Nelly Sachs n’a eu de cesse d’approfondir, se plaçant clairement comme un sœur de Paul Celan…"