Pêcheur d'Islande, aux éditions Hachette... Chef-d'oeuvre!
"C'est pas l'homme qui prend la mer...
A mon sens, Pierre Loti est l’un de nos plus grands romanciers, mais il vit hélas une sorte de purgatoire littéraire, et c’est regrettable. Loin des clichés, "Pêcheur d’Islande" est le roman de la mer, de ces pêcheurs qui usaient leur vie loin de leur foyer, sur des mers glacées, à tenter de pêcher la fortune qui améliorerait leur quotidien des mois d’hiver. Mais, encore plus que le roman de ces marins, c’est bel et bien le roman des femmes, sœurs et mères de marins, qui attendent le retour de leurs hommes, et qui parfois, savent que le retour n’aura plus lieu, et prient alors pour eux, depuis les chapelles surplombant la mer, cette terrible maîtresse qui a dévoré tant de leurs hommes vigoureux. Le roman d’une attente et d’une angoisse insondable.
L’histoire se concentre sur quatre personnages. Il y a Yann Gaos, un jeune pêcheur, très grand et vigoureux, « fiancé à la mer ». Sylvestre Moan, un tout jeune homme de 19 ans, qui prend part à ses premières pêches au large de l’Islande, avant de devoir partir en service militaire au Tonkin. Il y a la grand-mère, une vieillarde à qui la mer a pris son mari et son fils, et qui veille avec un soin extrême sur Sylvestre, son petit-fils. Et puis il y a Gaud, dont le père s’est enrichi, mais qui est frappée par des revers de fortune. Le roman est axé essentiellement sur l’amour de Gaud et Yann, mais certaines autres scènes sont déchirantes (celle des adieux de Sylvestre et sa grand-mère notamment).
Roman d’une époque et d’un mode de vie rude et révolu, "Pêcheur d’Islande" est un magnifique roman d’amour, et un hommage sensible et réaliste, sans fioritures inutiles, à ceux-là qui aimèrent la mer et leur métier et que parfois, la mer emporta, et à leurs femmes, qui les attendirent patiemment."