Parabole de l’argent
Dans ce court roman (ses quelques 170 pages contrastent avec l’énorme volume des Raisins de la colère), Steinbeck, l’un des géants de la littérature américaine, nous trace une vaste métaphore des méfaits de la richesse subite, au travers de l’histoire d’un couple de pêcheurs extrêmement pauvres dont l’homme, Kino, découvre un jour une perle énorme. Dans un Mexique plus ou moins imaginé, voici ces deux indiens à la tête de ce qui est potentiellement une richesse infinie, et ils voient déjà leur vie misérable changer : vêtements neufs, éducation pour l’enfant, largesses dispensées aux mendiants, mariage en blanc, etc…
Hélas, la richesse attise les convoitises et les malhonnêtes s’en prennent à lui, essayent de le gruger, etc.
Avec son talent habituel, Steinbeck nous trace le conte pas forcément moral de la richesse venue aux pauvres pour leur perte, en épargnant pas une certaine critique sociale (ni hélas peut-être un certain manichéisme social). A un tel point que, quand il nous montre l’enfant faire un sourire à sa mère, l’on sourit avec elle en retour.
Le tout jusqu’à un final hallucinant de tension dramatique et une conclusion bien sinistre.
Beau, sombre et désespéré. Magnifique, tout simplement.
La Perle, de John Steinbeck, éd. Gallimard
Citation :
« Il avait dit : « Je suis un homme » et cela signifiait beaucoup de choses pour Juana. Cela signifiait qu’il était à moitié fou et à moitié dieu. »
p.115