| | Poésie japonaise : un autre monde | |
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Esse De temps en temps
Nombre de messages : 17 Date d'inscription : 20/06/2005
| Sujet: Poésie japonaise : un autre monde Ven 8 Juil à 12:13 | |
| Le moins que l'on puisse dire c'est que la poésie qui vient de l'île nippone est "dépayasante"
pour commencer on lui attribue le nom de Haiku voici ce que j'ai trouvé comme explication :
"Il serait peut-être souhaitable de préciser quelques termes de la poésie japonaise classique. Un tercet de 17 (5/7/5) syllabes est appelé haïku (le terme haïkaï est encore parfois utilisé pour désigner un tercet). Il y a aussi le tanka (uta ou waka) formé de 31 syllabes réparties en 17 (5/7/5) et 14 (7/7) syllabes. Outre le haïku et le tanka, il y a le poème lié ou renku (terme qui remplace renga, haïkaï, haïkaï no renga ou haïkaï-renga). Le hokku est en quelque sorte l'unité de base de la poésie japonaise; c'est l'ancien nom du haïku, le premier verset du poème lié ou encore un verset détaché.
HAIKU C'est à Basho (1644-1694) que l'on attribue la fragmentation du tanka ou du poème lié (les opinions diffèrent selon les spécialistes), c'est-à-dire la pratique d'écrire un hokku sans souci d'enchaînement. Bien longtemps après Basho, Shiki (père du haïku et du tanka modernes, 1867-1902) donne un nom à ce "chaînon" isolé: haïku (haïkaï-hokku).
Qu'est-ce donc que le haïku? C'est un poème sans mots, c'est-à-dire très bref, un tercet d'habituellement 17 (5/7/5) syllabes. Il contient une référence à la nature (kigo), à une réalité non seulement humaine. Sobre, précis, subtil, dense, sans artifice littéraire, il évite les marques habituelles du poétique, telles la rime et la métaphore. Loin du grand souffle lyrique occidental, le haïku peut sembler anodin au premier abord; en fait, il est banal ou sublime, tout se jouant sur la corde raide tendue entre le poète et le lecteur.
Juxtaposition de l'immuable et de l'éphémère. Légèreté humoristique désamorçant tout pathos. Art du détail. Fragment de vie, de souvenir, de rêve. Lire et écrire des haïkus, c'est découvrir une conception autre de la poésie. Par son caractère unique, cette forme poétique permet à la fois la prise de conscience et l'expression de l'ici-maintenant; il ne donne aucun espace à l'abstraction, à l'élaboration des sentiments, à la rêverie. Le haïku est un poème concret, une poésie des sens et non des idées. Prenons quelques exemples pour illustrer notre propos. Dans les Calepins de Félix Leclerc, il y a des textes brefs dont la manière nous est habituelle, c'est-à-dire qui font appel à des notions abstraites. Ce qu'il faut de saleté pour faire une fleur!
On court à celui qu'on aime A celui qui nous aime, on marche. Tout s'use: les habits, les célébrités, les maisons, l'amour. La seule inusable: l'espérance.
D'autre part, il y a de petites proses qui, comme le haïku, sont des "illuminations", de simples faits quotidiens mais prenant une dimension autre.
Un bon signe de printemps: deux petits vieux qui ont posé la veste sur le clos et nettoient la cour avec des râteaux et font un petit feu. Elle avait perdu son collier de perles dans une touffe d'herbes. Croyant le ramasser, elle plonge la main sur de grosses gouttes de rosée.
Le vieux n'arrivait pas à trouver la monnaie dans son portefeuille pour payer le mandat poste. Une jeune fille l'aida, se souvenant de son père.
Et il y a de véritables haïkus.
Première neige cette nuit. Mais la trace de tes petits pas est absente. Ce temps-là est loin! Sous le vent d'un soir de novembre, la balançoire du jardin berce toute seule... Ce que fera celui des deux qui restera.
Quelle solitude dans la lettre qu'écrit à ses parents le pensionnaire de dix ans!
Une dernière remarque. Le haïku pourrait être un texte développé, mais il ne l'est pas et c'est là toute sa toute force évocatrice. Prenons un exemple. Gabrielle Roy dit avoir écrit la nouvelle "L'Enfant morte" à la suite d'un flash: "Mais pourquoi, pourquoi donc ce souvenir de l'enfant morte est-il venu m'assaillir aujourd'hui en plein milieu de l'été qui chante? Est-ce le parfum des roses, tout à l'heure, sur le vent, qui me l'a apporté?" D'une sensation qui peut être une expérience unique et, éventuellement, donner naissance à un texte élaboré recréant un certain univers, le haïkiste, dans son poème à la fois bref et ouvert, ne garde que le flash initial. C'est là son défi, c'est là son art."
http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/moderne/poesie/duhaime.html
Dernière édition par le Ven 8 Juil à 12:19, édité 1 fois | |
| | | Esse De temps en temps
Nombre de messages : 17 Date d'inscription : 20/06/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Ven 8 Juil à 12:18 | |
| et maintenant voici ce que donne les haiku j'imagine que récité en japonais cela doit avoir une autre dimension
HAIKUS JAPONAIS CLASSIQUES Dans le vieil étang Une grenouille saute Un ploc dans l'eau! Basho
Sur la cloche du temple S'est posé un papillon Qui dort tranquille. Buson
Tout a brûlé heureusement, les fleurs avaient achevé de fleurir. Hokushi
HAIKUS JAPONAIS CONTEMPORAINS
Rivière d'été le bout d'une chaîne rouge pend mollement dans l'eau Yamaguchi Seishi
Un papillon vole au milieu de la guerre froide Nakamura Kusatao
Soir d'automne la marée emporte les restes d'un grand poisson Saito Sanki
Hôpital pour maladies vénériennes seule touche de fraîcheur: la fiente des pigeons Suzuki Murio
Labourés par les bombes Où sont leurs os? Sawaki Kinichi | |
| | | Esse De temps en temps
Nombre de messages : 17 Date d'inscription : 20/06/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Ven 8 Juil à 12:22 | |
| Mais il y a aussi 2 autres formes de poésies japonaise
TANKA Le tanka est la forme poétique classique la plus ancienne et on la retrouve dès les premières anthologies japonaises; ainsi, il y en a 4,170 dans le Manyôshû (vers 760).
Le tanka est un poème à forme fixe construit en deux parties, la deuxième venant comme réponse, ou relance, à la première; cette première partie est un tercet de 17 (5/7/5) syllabes et la deuxième est un distique de 14 (7/7) syllabes, ou vice versa. Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n'est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes. Le tanka classique n'était pratiqué qu'à la Cour impériale; il est toujours considéré comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire. Poème lyrique, exquis, raffiné, il explore des sentiments "nobles", tels l'amour, la solitude et la mort, selon un ensemble de règles des plus sophistiquées.
Si les formes poétiques ont traversé les frontières du Japon et si le haïku est largement répandu en Occident, la pratique du tanka reste relativement rare. Il semble bien que le haïku, forme encore plus brève, ait fasciné davantage que le tanka. Qui sait ce qui serait advenu si, en 1905, Julien Vocance et Paul-Louis Couchaud avaient choisi le tanka au lieu du haïku pour écrire Au fil de l'eau, le premier recueil empruntant une forme poétique japonaise...
Bien que millénaire, le tanka reste toujours populaire au Japon même. A la suite du succès phénoménal de Sarada Kinenbi (Salad Anniversary, 1987), recueil de tankas vendu à plus de huit millions d'exemplaires, Machi Tawara, une jeune poète de 26 ans, a reçu 200,000 tankas de ses lecteurs et lectrices.
RENKU Le poème lié est une forme étrange pour les Occidentaux. La première caractéristique du poème lié est qu'il s'écrivait avec la collaboration de plusieurs poètes réunis en un même lieu pour une séance d'écriture, ou plutôt pour une joute dans laquelle chacun intervenait à tour de rôle. En Amérique, un renku se fait généralement par téléphone, par la poste ou encore par courrier électronique.
Deux autres caractéristiques. La forme est fixe; le premier chaînon et les chaînons impairs sont des tercets de 17 (5/7/5) syllabes, et le deuxième chaînon et les chaînons pairs sont des distiques de 14 (7/7) syllabes. Traditionnellement, un renku est constitué de 36 chaînons, 36 haïkus en quelque sorte, et est appelé kasen. La construction est non linéaire et sans plan logique, chaque chaînon ne répondant qu'au chaînon précédent: ainsi, le chaînon "B" répond au chaînon "A", et, oubliant "A", "C" répond à "B". Un renku se donne à lire comme une suite, à la fois liée et indépendante, de tankas. Plutôt qu'au jeu du Cadavre exquis (jeu littéraire surréaliste consistant à faire composer une phrase par plusieurs personnes qui ne savent pas ce que les autres ont écrit), le renku se comparerait plutôt à une partie d'échecs, un jeu ouvert et tout en stratégies. Tout l'art du poème lié réside dans l'enchaînement et le jeu gagne en complexité selon le degré de connaissance et d'habileté des "joueurs". Comme le souligne E.R. Miner, le poème lié est un sujet d'étude d'au moins vingt ans! Si le temps requis pour la composition d'un de ces poèmes est de deux à quatre heures, le temps alloué à l'écriture d'un chaînon n'est que de quelques minutes. | |
| | | Alfred Rang: Administrateur
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 04/02/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Ven 8 Juil à 12:28 | |
| Bravo Esse! Beau travail, merci! On va peut-être réussir à faire vivre ce forum!!! | |
| | | Esse De temps en temps
Nombre de messages : 17 Date d'inscription : 20/06/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Ven 8 Juil à 14:13 | |
| merci mais je trouve quand même que ce style de poésie n'est pas aussi simple qu'il en a l'air je t'ai dit qu'il vivra ce forum quand on sera célèbre | |
| | | Nuage de lait Permanent
Nombre de messages : 54 Localisation : Sous un châtaignier... Date d'inscription : 11/02/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Dim 27 Nov à 15:01 | |
| Je connaissais déjà les Haïkus (enfin un peu ), mais n'avais jamais entendu parler des autres. Merci pour ce brillant exposé Esse! | |
| | | Alfred Rang: Administrateur
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 04/02/2005
| Sujet: Quintessence nippone Sam 24 Déc à 20:18 | |
| Le haïku, forme la plus célèbre de la poésie japonaise, est sans doute également la forme poétique la plus courte au monde. Trois « vers », le rythme 5-7-5, le poétique qui naît de la surprise, d’une association étonnante, d’une chute curieuse. Tout cela est connu. Les noms des maîtres également : Bashô, Issa, Sôseki, etc… Reste à lire ces poèmes courts, à profiter de l’émerveillement, de la surprise, de la richesse renfermée dans si peu de mots, dont le pouvoir essentiel est d’évoquer tant de choses en nous, des sensations enfouies, des impressions fugaces, des émotions passagères. La très grande beauté de ce Japon un peu mythique et idéalisé n’a pas besoin de beaucoup de mots… | |
| | | Ujisato De temps en temps
Nombre de messages : 22 Localisation : Paris Date d'inscription : 08/05/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Sam 4 Fév à 12:18 | |
| Dites, Alfred, et Esse aussi d'ailleurs, pourquoi ne pas monter un concours de poèsie avec Baba qui ferait de la "pub" pour ce forum ? Je cherche des idées aussi pour le relancer un peu. | |
| | | Alfred Rang: Administrateur
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 04/02/2005
| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde Sam 4 Fév à 18:42 | |
| C'est une idée, mais Esse ne vient plus beaucoup....
Tu pensais à quelque chose de précis? | |
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| Sujet: Re: Poésie japonaise : un autre monde | |
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| | | | Poésie japonaise : un autre monde | |
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