PARIS (AFP) - L'écrivain Claude Simon, prix Nobel de littérature 1985, décédé le 5 juillet à Paris à l'âge de 91 ans, était l'un des plus grands écrivains de la mémoire, auteur d'une oeuvre exigeante, à la modernité profondément singulière.
Les thèmes de la guerre, du désordre absolu des choses ou des souvenirs, parcourent l'oeuvre du romancier, ("La Route des Flandres", "Les Géorgiques", "L'Acacia"), composée d'une vingtaine de livres et animée d'un puissant souffle visuel.
Né le 10 octobre 1913 à Tananarive (Madagascar), d'un père militaire décédé en août 1914, Claude Simon, est élevé à Perpignan (Pyrénées-Orientales) par sa mère qu'il perd à onze ans, puis par sa grand-mère.
En 1936, il sympathise avec les Républicains espagnols et en 1939, il sert dans un régiment de cavalerie. En 1940, il s'évade d'un camp de prisonnier en Saxe, et achète une propriété viticole à Salses, près de Perpignan, alors en zone libre.
Après la guerre, Claude Simon devient viticulteur et s'adonne à la peinture et la photographie. Son premier roman, "Le Tricheur", écrit en 1941, paraît après la Libération. Il est suivi de "La Corde raide" (1947), "Gulliver" (1952) et "Le Sacre du printemps" (1954), puis de "L'Herbe" (1958).
Avec "La Route des Flandres" (prix de la Nouvelle Vague, 1960), l'écrivain, devient l'une des principales figures du nouveau roman et son audience s'élargit à l'étranger.
En 1967, "Histoire" (prix Médicis), contrepoint entre réalité, mémoire et rêverie, lui apporte la notoriété.
Ces deux romans - avec "Palace (1962) qui a pour toile de fond la guerre d'Espagne - forment une trilogie, où l'auteur travaille sur ses propres souvenirs.
Après "La Bataille de Pharsale" et "Les Corps conducteurs", qui mènent l'un en Grèce, l'autre à New York, Claude Simon retourne à l'histoire avec un imposant roman, "Les Géorgiques" (1981). A la fois épopée, poème et roman, il offre trois images de la guerre sur deux siècles, par la superposition de trois personnages.
En 1985, vingt-et-un ans après le refus de Sartre, Claude Simon, parfois en butte à l'incompréhension, est consacré par le Nobel.
Parmi ses derniers livres, "L'Acacia" (1989) et "Le Tramway" sont de bouleversantes fresques intimes.
Claude Simon, grand croix de l'ordre national du mérite, a été membre du jury du prix Médicis (1968-70).
L'écrivain a été inhumé à Paris samedi, ont indiqué les Editions de Minuit.