"PARIS (AFP) - L'écrivain et essayiste Jacques Lacarrière, fasciné par la Grèce antique dont il a traduit de nombreux auteurs, est décédé samedi à 79 ans des complications consécutives à une opération banale.
Jacques Lacarrière avait subi une intervention au genou en début de semaine, a indiqué à l'AFP Nicole Lattès, directrice générale des Editions Robert Laffont.
Au total, Jacques Lacarrière, couronné par le Grand Prix de l'Académie française, a publié une quarantaine d'ouvrages: récits de voyage, romans, poèmes traductions, livres d'art et de photographies. "L'Eté grec", publié en 1976 dans la collection Terre Humaine (Plon), et sans cesse réimprimé, devait lui apporter un immense succès.
Né le 2 décembre 1925 à Limoges (Haute-vienne), il étudie le droit, les lettres classiques et l'hindi aux Langues orientales, avant d'être journaliste, critique et reporter successivement aux quotidiens Combat (1953), Le Monde, Le Matin, aux hebdomadaires l'Express, le Nouvel Observateur et aux mensuels Réalité, Géo, le Magazine littéraire, puis à Nouvelles clés et à Caravane.
Déjà, cet insatiable curieux a parcouru bien des chemins de traverse, l'amour du Grec ancien et de la mythologie chevillé au corps depuis son adolescence à Orléans, malgré les tentatives de son père pour l'en dissuader.
Son premier voyage en Grèce date de 1947, où il découvre Delphes et y implore Apollon de lui donner la force d'être poète, toute sa vie, dira-t-il au Nouvel Obs. Déjà, il traduit l'historien Hérodote (Ve s. avant J.C.) et son contemporain le tragique Sophocle (Oedipe-Roi, Oedipe à Colone, Antigone).
En France, il met en scène Ajax (1963), "Perséphone" au Petit Odéon. Il joue également dans les antiques théâtres grecs.
Il écrira une quarantaine d'ouvrages, allant du récit de voyage au roman, en passant par la poésie ou l'essai. Parmi eux, "Sophocle, essai de dramaturgie" (1960), "Les Hommes ivres de Dieu" (1961", "Chemin faisant ou la mémoire des routes" (1974).
"L'Eté grec" (Plon, 1976) lui vaut un succès immense, de même que "Marie d'Egypte" (1983) ou le Dictionnaire amoureux de la Grèce (2001). Il rêve d'Icare, son héros préféré et lui consacre "l'Envol d'Icare" (1993), mais aussi de l'Egypte. Sa femme, la comédienne Sylvia Lipa, d'origine égyptienne, collaborera à son oeuvre.
Dans sa maison de Sacy, en Bourgogne, il a été le premier à traduire en France Vassilikos, Séféris ou Ritsos. L'ensemble de son oeuvre a été couronné par le Grand Prix de l'Académie française (1991) et le Prix littéraire Prince Pierre de Monaco (1995).
"C'était un être merveilleux, un grand poète et un grand écrivain, a déclaré Nicole Lattès. "C'était un humaniste doublé d'un homme d'une drôlerie extraordinaire, qui adorait la vie. C'était aussi un formidable écrivain voyageur".
Interrogée sur les obsèques de l'écrivain, Nicole Lattès a simplement indiqué qu'il avait souhaité être incinéré et que ses cendres soient dispersées en Grèce."